En Afrique de l’Ouest, les personnes vivant avec le VIH se mobilisent pour améliorer la santé mondiale

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La Coalition internationale pour la préparation au traitement (ITPC) a franchi une étape importante en mettant les personnes vivant avec le VIH au coeur de la réponse mondiale à l’épidémie. Une conférence internationale organisée par ITPC sur deux jours a réuni plus de 100 délégués de toute l’Afrique de l’Ouest et du monde entier pour engager une discussion sur les approches communautaires visant à améliorer la prestation des services de santé et l’accès au traitement VIH.

L’objectif principal était de créer un forum pour que les participants, représentant un large éventail de parties prenantes, y compris des responsables en santé publique, des militants communautaires, des chercheurs universitaires et des délégués des réseaux de personnes vivant avec le VIH;  à se réunir dans une perspective de partage, présentant les conclusions et les leçons apprises dans le processus de mise en œuvre de l’observatoire régional communautaire sur le traitement en l’Afrique de l’Ouest au cours des trois dernières années.

Un observatoire communautaire sur le traitement, ou OCT, est une innovation née d’un besoin réél. En 2014, des militants ont souligné la question de l’indisponibilité persistante des médicaments antirétroviraux en Afrique de l’Ouest et a pris les moyens pour capturer quand et quels médicaments manquaient dans les cliniques et centres de santé. Depuis deux ans, une équipe a travaillé sur l’application de ce système d’alerte ad hoc dans un modèle complet de surveillance communautaire.

Puis, en 2016, ITPC Global a présenté une note conceptuelle auprès du Fonds mondial de lutte contre le sida, la tuberculose et le paludisme, pour la mise en œuvre d’un projet d’observatoire régional au Bénin, Côte d’Ivoire, Gambie, Ghana, Guinée, Guinée-Bissau, Libéria, Mali, Sénégal, Sierra Leone et au Togo, avec 11 réseaux de personnes vivant avec le VIH comme partenaires, et le soutien des onze mécanismes de coordination de ces pays.

« Aujourd’hui, nous avons un modèle bien conçu qui passe de l’éducation pour le traitement à la collecte d’évidences, complété par action ciblée et une large participation des parties prenantes pour la co-création de solutions », a déclaré Alain Manouan, directeur du projet régional ORCT.

Au cours des trois dernières années, la surveillance et la collecte de données menées par la communauté ont émergé comme des développements importants dans le paysage mondial du traitement VIH.

« L’activisme, c’est des personnes qui marchent dans les rues, mais c’est ausssi l’utilisation efficace des données collectées par les collectivités pour améliorer la prestation des services. Ce niveau de rigueur est souvent réservé aux sphères academiques, mais avec ce modèle, nous avons prouvé ce que la communauté peut réussir à faire et nous avons dissipé l’idée que ce que les communautés produisent est de qualité inférieure ou de moindre de valeur que les autres parties prenantes dans la riposte au VIH » a déclaré Solange Baptiste, directrice exécutive d’ITPC Global.

Les coordonnateurs des réseaux régionaux d’ITPC en Asie, en Europe, en Amérique latine et dans les Caraïbes ont déjà adapté le modèle et prennent les leçons de l’Afrique de l’Ouest pour améliorer l’accès au traitement dans leur pays.

« Ce qui a commencé comme un projet régional en Afrique de l’Ouest a déjà été adapté pour travailler en Inde. Le CTO est maintenant un modèle de surveillance communautaire partout dans le monde, » a déclaré Loon Gangte, coordonnateur régional d’ITPC en Asie du Sud.

Le modèle de l’observatoire, sa mise en place et les leçons apprises ont été capturés récémement dans une publication intitulé Les données pour la différence, qui a été publié dans une revue scientifique de l’Université du Cap en September 2019. Le succès du modèle des CTOs est due en grande partie au niveau d’effort et de l’expertise apportée par les réseaux de personnes vivant avec le VIH.

« Les CTOs marchent parce que les communautés sont au centre de toute action. Les communautés choisissent les indicateurs et analyses les tendances des données collectés. Les communautés déterminent les paramètres de recherche et ce sont eux qui prennent les actions, proposent des solutions, et mettent en place le plaidoyer et le partenariat avec les intervenants pour faire changer les choses, » a expliqué Gregg Vergus, coordonnateur d’ITPC en Europe de l’Est et Asie Centrale.

La journée d’apprentissage pour l’événement a été conçu pour défier les participants à réfléchir sur la façon dont les enseignements tirés de ce projet régional peuvent être appliquées aux niveaux local, national, régional et mondial et à d’autres maladies et problèmes.

« Le CTO n’est pas seulement un modèle de surveillance communautaire dans la prestation des services liés au VIH, mais il peut être appliqué à d’autres questions aussi bien, comme le suivi des budgets, la brutalité policière et la corruption électorale, » a déclaré Alma De León, directrice régionale d’ITPC en Amérique latine et aux Caraïbes.

« Il y a trois ans, nous avons essayé démontrer les résultats du travail des CTOs. Et nous avons réussi. Le succès du projet en Afrique de l’Ouest a conduit à son adaptation en Afrique australe. Maintenant, nous avons entrepris de l’étendre à d’autres régions dans le monde. Il y a encore beaucoup de travail à faire » a déclaré Alim El Gaddari, directeur de programmes à ITPC pour le Moyen-Orient et l’Afrique du Nord.

La journée d’apprentissage ITPC pour le RCTO a eu lieu à la salle de réunion de l’UNICEF / ONUSIDA à Abidjan, Côte d’Ivoire, le 17 Octobre.